Témoignage d’Anna, ancienne escort “je gagnais jusqu'à 6000€ par semaine”
On trouve les escort girls dans des hôtels plutôt que sur la voie publique et c’est d’ailleurs ce qui les différencie des prostituées. Mais la finalité reste la même : offrir au client une prestation sexuelle tarifée. C’est à 23 ans qu’Anna poste son annonce. Aujourd’hui, elle revient longuement sur son passé d’escort en l’évoquant comme une expérience de vie, presque comme une autre.
L’idée m’est venue bêtement en regardant un reportage sur les étudiantes escorts. La plupart des filles disaient qu’elles gagnaient au moins 6000 euros par mois. J’ai trouvé ça énorme ! Moi, à côté, je bossais dans un resto et je gagnais 1600 euros en faisant 70 heures par semaine !
A ce moment-là, j’étais aussi dans une période de sexualité décadente donc je me disais naturellement que si je gagnais de l’argent pour avoir des rapports sexuels, ce ne serait pas un problème. Mais bon, entre le moment où je me dis ça et le moment où je deviens escort, il se passe quand même un peu plus d’un an où je n’ose pas en me disant que c’est quand même un truc un peu fou.
Mais, l’idée reste dans un coin de ma tête. Je finis par mal vivre ma période de décadence sexuelle et je démissionne de mon travail. J’obtiens une rupture conventionnelle mais je galère avec mon chômage. Je n’ai plus envie de travailler dans un resto et je me dis que c’est le bon moment d’essayer l’escorting tout en ayant un peu peur.
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Mes débuts un peu timides
Je commence par chercher des sites d’annonces et des sites de rencontre pour flirter, je me renseigne beaucoup sur le forum « prostitution » de Doctissimo qui est une véritable mine d’or sur lequel d’anciennes escorts conseillent les filles qui veulent se lancer. Et une fois que j’ai l’impression que j’ai tous les éléments, je vais sur un site et je crée une annonce.
J’invente alors le personnage d’Anna et mets une photo sur le site en mode selfie un peu à l’arrache, en sous-vêtements, sans qu’on voit mon visage. Parallèlement, je crée une adresse mail dédiée à ça car il était hors de question que je mette mon numéro de téléphone dans l’annonce. Et là, je reçois des centaines de mails alors même que je vivais dans une petite ville en Bretagne ! J’avais aussi paramétré un message de réponse automatique avec mes tarifs, en sachant que j’avais mis 250 euros de l’heure. J’étais volontairement dans la fourchette assez haute par rapport aux autres filles de ma ville. Une manière de filtrer naturellement.
D’ailleurs, j’avais aussi lu sur le forum qu’il valait mieux éviter les jeunes et prendre les quarantenaires ou cinquantenaires car ils sont plus sérieux. Ils veulent des relations de type petites copines tandis que les jeunes, ils baisent ! Et moi, moins il y avait de sexe, plus j’étais contente.
Pendant quelques semaines, je ne prends pas de rendez-vous. Ça me fait encore trop peur. J’étais quasiment certaine que je n’allais pas mal le vivre mais il me restait quand même une part de doute. J’avais peur de rentrer chez moi et de me sentir sale ou de ne plus me regarder pareil dans le miroir. Et accessoirement, j’avais aussi peur de tomber sur un fou en rendez-vous et de me faire agresser.
Finalement, je prends un premier rendez-vous. Je choisis quelqu’un d’assez âgé, qui écris bien et qui me vouvoie. Je demandais aussi toujours un coup de fil avant de rencontrer la personne. En retour, parmi les questions qui reviennent toujours quand tu es escort, on te demande si tu es GFE (« girlfriend experience »), si tu embrasses et si tu fais des fellations non protégées. Au début, je disais oui pour les trois car ça me semblait bizarre de faire autrement que dans la vraie vie mais je suis très vite revenue dessus.
Je décide aussi de ne pas recevoir chez moi, ni d’aller chez la personne et de voir les gens à l’hôtel. Je savais que cela m’enlèverait des clients car c’est une contrainte financière en plus mais je n’y ai jamais dérogé. Mon premier rendez-vous réserve un hôtel à 30 mètres de chez moi ! Plus je m’approche de l’hôtel, plus je suis stressée. Je me dis que c’est potentiellement la première et la dernière fois que je fais ça si je me sens mal ensuite. Mais bon j’y vais pour l’expérience, j’ai toujours aimé faire des expériences de toute façon !
J’arrive à l’hôtel et là, le mec est affreux ! En plus, il bégaie. Je me demande à ce moment-là comment je vais faire pour coucher avec lui. Puis je me transforme dans mon personnage d’Anna. Je suis mal à l’aise mais je fais en sorte qu’il ne le ressente pas. Je commence par le masser, puis j’essaie de discuter avec lui pour essayer de retarder le plus possible le moment où on va passer à l’acte sexuel mais il ne parle quasiment pas.
On finit par arriver au moment fatidique. Il a un sexe énorme ! On va très vite à la pénétration car je n’ai pas vraiment envie de faire de préliminaires. Et ça a duré tellement longtemps ! On est loin des 11 minutes de Paulo Coelho ! Il avait dû prendre quelque chose pour retarder l’éjaculation ! Il a même voulu prolonger d’une heure, je lui ai proposé 30 minutes et je suis partie.
J’arrive vite chez moi, j’appelle une amie et je lui raconte cette expérience. Elle me demande comment je me sens. Je lui réponds que je ne sais pas, puis je prends le cash dans mon sac, je l’étale sur la table et il se passe un truc. Je sens une sensation en moi de puissance ultime. Donc non seulement, je ne me sens pas mal mais je me sens dans un état dans lequel je ne me suis rarement sentie de puissance et de bien-être. A partir de là, je savais que j’allais recommencer.
L'escorting comme un métier (très lucratif)
En Bretagne, j’ai fait ça pendant environ 8 mois. J’avais 5-6 habitués avec une moyenne de 2-3 rendez-vous par semaine. J’ai également découvert les fétichistes et les soumis. Le tout premier, c’était un fétichiste des pieds qui m’avait contacté pour me demander s’il pouvait simplement me lécher les pieds et les prendre en photo. Au départ, je pensais qu’il se moquait de moi au départ mais pas du tout.
Quant aux soumis, je me rends assez rapidement compte qu’il y a une clientèle énorme ! Il suffit de voir l'explosion des sites de rencontre BDSM. D’ailleurs, avant de vraiment les côtoyer, je me disais que c’était l’idéal pour moi car je n’avais pas besoin de coucher avec eux. Mais, c’est finalement ce que j’ai le plus mal vécu en tant qu’escort.
Je le vivais mal car certaines demandes étaient complètement folles ! Une fois, un homme m’a demandé si je pouvais le castrer, un autre encore voulait que je lui brûle les testicules. C’était beaucoup trop pour moi. Les fétichistes des pieds ou les hommes qui voulaient se faire enculer, ça ne me dérangeait pas mais infliger des sévices physiques, je ne pouvais pas. J’ai aussi connu un homme qui voulait se prostituer pour moi.
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Après avoir expérimenté quand même un moment, j’ai fini par arrêter de voir des soumis. Parce qu’en plus, quand tu commences à accepter avec eux des trucs un peu softs, ils finissent toujours par te demander des trucs de plus en plus extrêmes. En revanche, j’ai toujours refusé d’être moi soumise. Déjà, je n’aimais pas trop le danger que cela pouvait représenter mais en plus, dans mon personnage d’Anna, c’était elle qui devait décider de tout.
Ensuite, j’ai travaillé dans une maison close en Suisse et je voyais 5-6 clients par nuit. Je pouvais me faire 6000 euros par semaine. Ce n’était plus du tout les mêmes échelles. D’ailleurs, l’argent qu’on gagne en tant qu’escort ou prostituée en maison close, c’est de l’argent qui disparaît. C’est de l’argent qu’on ne garde pas mais qu’on claque. C’était un fait assez commun à nous toutes.
J’ai tout arrêté quand je suis tombée amoureuse. Au début, je continuais un peu d’y aller quand je l’ai rencontré mais je n’y arrivais plus. Je ne l’avais jamais mal vécu jusqu’à présent et là, je commençais à me forcer. Arrêter m’a soulagé. Par contre, ça a été super dur financièrement car je n’avais pas tant mis de côté. La redescente, après avoir été escort, est également dure car tu prends un certain goût pour le luxe. Avec le recul, j’ai quand même découvert un monde auquel je n’aurais jamais eu accès. Je suis d’ailleurs toujours attirée par le luxe parce que j’ai trop aimé ça !