Le point G existe-t-il vraiment ?
Le point G incarne depuis toujours la source de nombreux fantasmes : cette petite zone supposément située dans le vagin représenterait en effet la clé d’un plaisir féminin absolu. Son existence est toutefois largement remise en cause par une partie de la communauté scientifique. Entre mythe et réalité anatomique, découvrez tout ce qu’il faut savoir sur le point G.
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Qu’est-ce que le point G ?
Le point G a été évoqué pour la première fois en 1950 par le gynécologue allemand Ernst Gräfenberg, dont il tire son nom. Celui-ci décrivait « une zone érotique, toujours présente sur la paroi antérieure du vagin, le long de l’urètre » dans l’International Journal of Sexology, de la taille d’une petite pièce de monnaie. La sensibilité de cette zone serait si puissante que sa stimulation, marquée par un gonflement, déclencherait automatiquement un orgasme profond ainsi qu’un mécanisme d’éjaculation pour la femme.
Il a ensuite connu une popularité importante dans les années 1980, notamment grâce à l’ouvrage The G-Spot and Other Recent Discoveries about Human Sexuality, publié par Patrick Dao, Alice Ladas et Beverly Whipple. Les avis divergent cependant au sein de la communauté des chercheurs et des sexologues, qui ne s’accordent pas sur son existence. De nombreuses études ont été menées au cours des dernières années sans qu’aucune parvienne à attester véritablement de la présence d’un point G. Des techniques très diverses ont été employées, allant de l’utilisation d’ultrasons pour localiser la zone, à l’approche génétique par la comparaison d’échographies de sœurs jumelles.
Le point P (pour prostate) se pose enfin par analogie comme son pendant masculin. D'ailleurs, le point G est considéré par certains comme une trace résiduelle de l’homme dans le corps féminin.
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Le point G, objet de nombreuses idées reçues
La thématique a fait couler beaucoup d’encre : elle continue d’alimenter le débat, mais aussi les fausses croyances.
Tout d’abord, aucune étude scientifique n’a donc été en mesure de prouver la véracité du point G. Si certaines femmes ont fait le constat d’une zone donnée particulièrement sensible au sein de leur intimité, il n’y a pas de règle absolue à ce sujet, chaque individu étant fondamentalement différent.
Par ailleurs, même s’il existait, il ne provoquerait pas l’orgasme de manière systématique. L’obsession du point G s’est justement créée autour d’une idée reçue, comme le résume la psychanalyste et sexologue Catherine Blanc :
« C’est le fantasme de l’existence d’un bouton qui déclenche tout. Un point qui ferait que toute femme jouisse, au-delà même de son désir de jouir. Ce qui rassure les hommes dans leur capacité à leur faire éprouver du plaisir. Mais les femmes ne sont pas tous les jours en mesure de le vouloir. »
Une stimulation trop poussée à cet endroit pourrait par ailleurs devenir désagréable, ou donner envie d’uriner, du fait de la proximité avec l’urètre.
Les mystères du point G
Le corps féminin ne présenterait donc aucune zone magique ayant le pouvoir de mener inévitablement à l’orgasme. S'il peut survenir chez certaines femmes lors de la stimulation à cet endroit, le fait de ne pas en avoir est loin d’être exceptionnel. Chacune sera en effet réceptive à des sensations différentes, l’important restant d’atteindre le plaisir en suivant ses envies.
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Point G ou zone G ?
Une hypothèse contemporaine viendrait cependant défendre l’existence de cette zone mythique : d'après les dernières études menées en la matière, le plaisir féminin ne proviendrait pas du vagin, mais bien du clitoris. L'orgasme passerait donc par ce petit organe méconnu, au potentiel érogène explosif. Et le point G correspondrait en réalité à la zone de contact entre ce dernier et le vagin.
Selon les mots de la médecin-sexologue Marie-Hélène Colson, « le point G est une idée, un concept ».
Au-delà d’une réalité physique, il s’agit surtout d’un ensemble de tissus érectiles, riches en nerfs et en vaisseaux sanguins, ce qui renforce sa sensibilité : on pourrait alors parler de zone G. Les composants physiologiques du plaisir sexuel chez la femme sont en effet nombreux : le vagin, le clitoris, mais aussi la vulve ou l’anus entrent en ligne de compte, et sont à la fois liés sur le plan neurologique et vasculaire. L’orgasme féminin met quant à lui en scène d'autres facteurs, y compris émotionnels et psychologiques, et ne saurait se réduire à un mode de survenue automatique. Les fantasmes des femmes, par exemple, lorsqu'ils sont réalisés, sont susceptibles de déclencher des orgasmes plus puissants. Le cerveau y est pour beaucoup !
Un prétexte idéal à l’exploration sexuelle
La zone serait donc sensible par nature, en ce qu’elle dévoile aussi de nombreux capteurs sensoriels, également appelés « corpuscules de voluptés ». Ceux-ci se réveillent sous l’effet du désir et de l’excitation. Leur stimulation sera efficace dans un contexte favorable, présentant bien-être individuel, confiance entre les partenaires, et à la suite de préliminaires qui contribuent à faire monter la température.
Par ailleurs, il faut noter que la sensibilité du vagin, comme celles des autres zones érogènes féminines, peut être amenée à évoluer avec le temps et l’expérience. Ici encore, pas de règle universelle qui conditionnerait tout, mais une quête et un apprentissage du plaisir.
Certaines pratiques, comme la masturbation ou l’utilisation de sextoys, ou quelques positions clés, comme la levrette, la cuillère, ou celle du lotus, pourraient favoriser la découverte de votre point G, dans tous les cas de la zone qui participera largement à l’orgasme.
Il existe plusieurs positions assez simples du Kamasutra à mettre en pratique pour décupler le plaisir. Pas d’inquiétude enfin si vous ne ressentez pas grand-chose à cet endroit. Il existe mille voies d’accès au plaisir : ne vous focalisez donc pas sur ce point en particulier, et suivez votre intuition.